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Bien-être et alimentation

Interview de Jean-Michel Lecerf, Chef du service Nutrition de l’Institut Pasteur de Lille.

Quelles relations peut-on établir entre alimentation et bien-être ?

Etablir des relations entre l’alimentation et le bien-être des personnes saines était précisément l’objectif du projet BALI. Pour ce faire, il fallait créer un outil de mesure. Nous avons mis au point un questionnaire (Well-Being related to Food questionnaire (Well-BFQ)) qui intègre toutes les dimensions liées à l’alimentation (physiologique, sociologique, psychologique, comportementale, etc.) à travers 174 items relatifs à de nombreux indicateurs, tels que le confort digestif, le confort articulaire, la satiété, les émotions, la commensalité… 

Son élaboration a donné lieu à un gros travail pour identifier les bonnes questions à poser. L’enjeu était de rechercher des éléments objectifs permettant d’établir une relation entre alimentation et bien-être. Or, lorsque l’on étudie cette question, on s’aperçoit très vite qu’il est compliqué de rat-tacher bien-être et alimentation. En effet, dans la pratique, on constate que des gens, dont le comportement alimentaire est inadéquat, s’en trouvent pourtant bien. Ils s’apercevront éventuellement d’un mieux-être s’ils adoptent de meilleures habitudes alimentaires, mais avant d’avoir fait cette expérience, ils répondront qu’ils se sentent bien. On voit donc que les réponses des personnes interrogées sont sujettes à caution.
Il y a une réelle difficulté à identifier le bien-être, d’où le gros travail mené pour trouver des critères objectifs. 
Il est également difficile d’établir un lien entre bien-être alimentaire et santé. En effet, il peut y avoir un développement silencieux d’anomalies métaboliques, comme dans le dia-bète, par exemple, qui ne procure pas de sensations désagréables avant que la maladie ne se déclare. A l’inverse, par exemple, de nombreuses personnes rattachent leur bien-être au fait de ne pas manger de gluten, mais la part subjective de cette affirmation peut être considérable, ainsi que l’ont montré des études en double aveugle.

D’après vous, peut-on classer le pain parmi les aliments qui contribuent au bien-être alimentaire ?

Nous n’avons pas analysé le pain en tant que tel dans le cadre de l’étude BALI, mais il est évident que le pain se place en haut de la liste des aliments « bien-être ». Il réunit en effet de nombreux critères parmi lesquels : ses qualités organoleptiques, nutritionnelles, sa capacité à créer la sensation de satiété. Sa symbolique du quotidien, de la convivialité et du partage est également déterminante : pain a donné « compagnon », étymologiquement « celui avec qui l’on partage le pain ». C’est un aliment fétiche qui procure, à n’en pas douter, un bien-être psychologique en raison de sa symbolique et physiologique du fait de ses qualités alimentaires.

08/12/2016


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