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La foodtech, une révolution ?

Interview de Kevin Camphuis, co-fondateur de Shake Up Factory

Qu’est-ce que la foodtech ?
La foodtech, c’est aujourd’hui plus de 3 500 startups dans le monde qui utilisent des technologies sophistiquées. En se servant de la robotique, de l’intelligence artificielle, de la biotechnologie génétique ou bien encore du GPS, elles créent des produits et services intelligents pour répondre au besoin essentiel du bien manger au quotidien. Ces startups savent inventer des solutions simples, originales ou pertinentes, que ce soit à destination des particuliers ou des professionnels et beaucoup trouvent rapidement leur clientèle. Dans la foodtech, on peut distinguer plusieurs grandes catégories : l’AgTech (élevage ou cultures agricoles assistés par les outils numériques), la food science (transformation alimentaire, création de produits nouveaux), le e-commerce alimentaire, les services liés à la restauration, la livraison de plats à domicile, les services d’intermédiation entre consommateurs et enfin le coaching alimentaire. Tous sont en train de réinventer ce que nous mangeons ainsi que la manière dont nous nous approvisionnons et cuisinons au quotidien.

Quelles sont les dernières tendances ?
La livraison à domicile dans les grandes villes est le secteur le plus dynamique, mais on peut aussi évoquer les fermes verticales, les robots fermiers, la viande végétale, les solutions de vente de fruits et légumes depuis la ferme, les robots de cuisine connectés ou encore les solutions de caisse intelligente.

Peut-on encore parler d’un marché émergent ou des signes de maturité se font-ils sentir ?
Avec plus de 35 milliards de dollars de fonds investis dans le monde ces trois dernières années, ce n’est plus un marché émergent. On peut parler d’une véritable révolution industrielle du fait de la variété des ruptures technologiques en cours : depuis 100 ans, nous n’avons pas connu autant de nouvelles technologies. Or, avec moins de 1% des levées de fonds foodtech mondiales, la France est en train de prendre un sérieux retard, très loin derrière la Chine ou les Etats-Unis qui représentent à eux deux plus des 2/3 des startups foodtech en cours de création. Et pourtant nous avons quelques pépites, (Wynd, La Ruche qui dit oui, Ynsect…) qui prouvent que nous avons la capacité de garder notre place dans ce concert mondial.

De la production à la vente, comment, selon vous, la foodtech peut-elle concerner le pain ?

En ce qui concerne le pain, et plus largement la filière, on peut imaginer des solutions comme de nouvelles formulations, de nouveaux ingrédients, des outils d’analyse des process, d’optimisation des approvisionnements et des prévisions ou bien encore de gestion de la relation entre agriculteurs, meuniers et boulangers. Pour ces derniers, la nécessité de changer de caisse dans les mois à venir leur offrira des opportunités inédites. Outre la gestion automatique de la comptabilité, ces caisses « intelligentes », d’utilisation simple, pourront traiter les comptes de fidélité, optimiser la gestion et la valorisation des invendus, devenir des gestionnaires de stock et d’inventaire… Les clients pourront réserver en ligne depuis leur ordinateur, tablette, smart-phone. Il suffit de regarder combien la restauration évolue actuellement pour comprendre comment la filière pain peut, à très court terme, elle aussi, se transformer.

Quels sont les atouts du pain dans cette nouvelle façon de produire, de distribuer et de consommer ?
Ce qu’il faut comprendre c’est que cette révolution est, d’abord et avant tout, portée par les clients. Connectés, à la recherche de nouveaux parcours d’achat et d’un haut degré de service, les consommateurs ne connaissent plus la frontière entre les mondes on-line et off-line. Ils adoptent ces nouvelles solutions via leur téléphone, demandent plus d’informations sur l’origine, les conditions de production, souhaitent être étonnés par de nouveaux produits plus sains et savoureux, avoir la possibilité d’acheter dans de meilleures conditions, payer avec leur téléphone ou bien se faire livrer à domicile. Toutes ces tendances vont immanquablement toucher la boulangerie. Proches de leurs clients, les boulangers sont bien placés pour entendre ces nouvelles attentes. Certains y répondent déjà. Par ailleurs, la recherche de la valeur nutritionnelle et du plaisir alimentaire – qui sous-tend la demande en matière de service – est aussi une attente forte des consommateurs… En termes de proximité consomma-teurs et de produits, la boulangerie dispose de beaux atouts dans le monde qui vient. Selon moi, le métier de boulanger va encore s’enrichir et le boulanger devenir un véritable créateur, voire un ani-mateur de communautés de clients.

03/03/2017


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