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Les conditions de la confiance alimentaire

D’après le Conseil National de l’Alimentation (CNA)

UNE ÉTUDE APPROFONDIE

Face à une offre alimentaire pléthorique, le mangeur moderne, responsable de ses choix, paraît souvent désem-paré et anxieux. Les crises alimentaires des dernières décennies, mais aussi les injonctions souvent contradictoires notamment en matière de nutrition, les interrogations récentes sur les allergies ou les intolérances alimentaires, semblent fonder cette inquiétude. Elles paraissent appartenir à notre époque. Pourtant les peurs alimentaires ont toujours existé. Dès lors, les raisons de la méfiance, seraient-elles plus profondes qu’elles n’y paraissent ? Pour répondre à cette question et éclairer le sujet, le CNA a conduit pendant plus de deux ans des travaux visant à mieux comprendre les mécanismes de la relation de confiance entre le consommateur et son alimentation. Cela a abouti à la publication de l’avis n°73 « Communication et alimentation : les conditions de la confiance ».

CE QU’IL FAUT SAVOIR

 Manger un aliment, c’est incorporer tout ou partie de ses propriétés

L’alimentation est le résultat d’interactions complexes dont la compréhension relève de l’anthropologie, du social, de l’environnement, de la physiologie ou de la psychologie. Elle véhicule des valeurs culturelles et sociétales auxquelles les Français sont fortement attachés. Manger un aliment, c’est incorporer tout ou partie de ses propriétés, biologi-quement, socialement et symboliquement.

Les peurs alimentaires ont toujours existé 

Le discours sur le déclin alimentaire est constant au cours de l’Histoire. « Dès la période romaine, on considère que l’âge de fer était un âge d’or, où les Hommes, forts et solides, se nourrissaient de produits de la forêt, du gland doux. ». « A l’époque de Louis XIV, la nouvelle manière des boulangers de Paris de faire du pain, en utilisant de la levure de bière, a déclenché une véritable crise… ». Il semble que notre condition d’omnivore soit pour beaucoup dans cette méfiance. Le besoin de variété a pour corollaire une nécessaire prudence dans le choix des aliments : tout nouvel aliment est un danger potentiel. C’est ce que Claude Fischler* identifie comme le « paradoxe de l’omnivore ». Alors qu’il avait une expertise directe pour juger les produits bruts, connus, identifiables, aujourd’hui face aux aliments de plus en plus transformés, le consommateur se sent incompétent pour évaluer lui-même les aliments.


Le sentiment de sécurité est inversement proportionnel à la sécurité elle-même

Pénuries, risques sanitaires, les sociétés développées ont surmonté la plupart de ces problèmes. Les aliments sont objectivement de plus en plus sains. Mais, même si les incidents sont devenus rares, leur impact est important et la majorité des consommateurs considère que les risques alimentaires sont aujourd’hui plus élevés. Les risques « objectifs », tels qu’évalués par les experts, semblent déconnectés des risques perçus par les consommateurs. La défaillance ponctuelle des systèmes de contrôle est considérée comme inadmissible.

L’effet « boite noire » favorise les crises

Les consommateurs perçoivent les industries et les filières de production agroalimentaires comme une « boite noire ». Cette perception suscite les soupçons, en période de calme comme en période de crise. Pour les consommateurs, certaines crises révèlent la réalité de façon brutale. L’effet de surprise en renforce les effets dévastateurs et fragilise la confiance. Certaines réalités des procédés de production, éloignés des méthodes traditionnelles, sont difficiles à expliquer. Elles ont tendance à être occultées et, de ce fait, font le lit des crises futures.
Il existe des biais cognitifs incontournables

L’esprit humain est victime de biais cognitifs lorsqu’il traite les informations. Nous accordons systématiquement une plus grande crédibilité aux informations et aux sources qui renforcent notre opinion, nos a priori. 

La confiance se construit en temps calme

Lorsque la relation de confiance se développe, le risque perçu diminue. Dans la communication, l’émetteur doit être de bonne foi et sincère. Tout ce qui est dit et montré doit être vrai. 

Les sujets liés à l’alimentation sont particulièrement sensibles

Très variés et touchant la vie quotidienne, ces sujets sont fortement médiatisés et peuvent transformer une simple inquiétude en peur.

QU’ATTEND LE CONSOMMATEUR ?

Une information sincère

Pour permettre au public d’effectuer ses choix, il est nécessaire de lui offrir tous les moyens d’accéder à une information sincère. 

Une communication claire, acteur par acteur 

Les acteurs doivent communiquer sur leurs compétences propres et veiller à ne pas se prononcer sur ce qui relèverait des autres acteurs. 

Des messages adaptés 
Les questionnements et les références sont souvent différents selon les publics. En conséquence, il est nécessaire de prendre en compte ces différences et d’adapter les messages.

Pour en savoir plus : 
L’Avis n° 73 « Communication et alimentation : les conditions de la confiance » sur www.cna-alimentation.fr

12/12/2016


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